L'équipe de France de football est l’équipe de football nationale de la France, constituée par une sélection des meilleurs joueurs français sous l’égide de la Fédération française de football.
Actuellement vice-championne du monde, elle compte à son palmarès une coupe du monde (1998), deux championnats d’Europe des nations (1984 et 2000), une Coupe intercontinentale des nations (1985), deux coupes des Confédérations (2001 et 2003), et un titre olympique (1984). Elle possède le troisième plus beau palmarès européen derrière l'Allemagne et l'Italie.
La France est également la première sélection à avoir remporté toutes les compétitions internationales, coupe du Monde, Jeux olympiques, Coupe des confédérations et son tournoi continental (Championnat d'Europe en l'occurrence). Depuis 2004, l'Argentine a réussi le même exploit.

Genèse

L'équipe de France USFSA des JO de 1900.
 
Dès la fin du XIXe siècle, des rencontres impliquant des sélections françaises sont organisées, notamment sous l'égide de l'union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA). En 1895, une « sélection de Paris », composée principalement de joueurs britanniques résidant à Paris, affronte notamment une sélection de clubs anglais.
La sélection française USFSA dispute entre 1900 et 1904 cinq matches internationaux face à la Belgique, battue 6-2, et l’Angleterre amateurs, qui domine les Français à quatre reprises. Lors du tournoi de football des Jeux olympiques d'été de 1900, la sélection USFSA, constituée des joueurs du Club français, obtient la médaille d'argent. Ces matches ne sont cependant pas pris en compte dans les statistiques officielles.
Le match France-Suisse en 1905 au Parc des Princes, est le deuxième match de l'histoire de l'équipe de France.
 
La création de l'équipe de France de football est liée à la fondation de la Fédération internationale de football association (FIFA) en 1904. L’équipe de France de football démarre son histoire officielle le 1er mai 1904 à Bruxelles, par un match nul face à la Belgique 3-3. Le premier buteur français se nomme Louis Mesnier. La France dispute cette année-là un second match non officiel face à l'Union Saint-Gilloise le 27 mai 1904. En 1905, la France dispute son premier match à domicile face à la Suisse et remporte à cette occasion la première victoire de son histoire.
Les années qui suivent sont peu glorieuses. L'Angleterre vient infliger à l'équipe de France la plus lourde défaite de son histoire à domicile sur le score de 15-0.
Exclue de la FIFA le 7 juin 1908 mais membre fondateur du Comité international olympique (CIO), l'USFSA est encore en charge des sélections olympiques de l'été 1908. Malgré cette position affaiblie, elle délègue deux équipes de France A et B pour représenter la France à Londres. Le règlement autorise alors cette double sélection, mais la France est la seule à utiliser cette étrange possibilité. De plus, de nombreux forfaits sont enregistrés dans les rangs des joueurs de l'USFSA, et nombre des 44 joueurs français sélectionnés arrivent le matin même du match sur le lieu de compétition après un long voyage en train et bateau. C'est une véritable pantalonnade : l'équipe française subit deux cinglants revers contre le Danemark à trois jours d’intervalle (0-9 puis 1-17) lors des jeux olympiques de Londres. Ces deux rencontres olympiques sont rétroactivement comptabilisées comme matchs officiels de l'équipe de France A (matchs n°11 et 12).
À partir du match contre la Belgique du 9 mai 1908, c'est le Comité français interfédéral (CFI) qui procède aux sélections en tant que seule fédération reconnue par la FIFA.
En 1912, le CFI ne parvient pas à se mettre d'accord avec l'USFSA pour présenter une équipe de France aux jeux olympiques de Stockholm. Un accord est cherché jusqu'au dernier moment, en vain. En juin, la France est contrainte de déclarer forfait. Malgré ces conflits entre les différentes fédérations qui coexistent dans l’hexagone, qui rendent impossible la sélection des onze meilleurs joueurs du pays, quelques belles performances sont à signaler comme la victoire face à l'Italie à Turin en 1912, grâce à un triplé d'Eugène Maës (3-4).
La Première Guerre mondiale interrompt les activités de l'équipe de France et cause la mort de 17 de ses internationaux.
La création de la fédération française de football (FFF) en 1919 permet à l'équipe de France de se structurer. L’USFSA rejoint finalement la FFF en 1921, ce qui permet aux Bleus d'être désormais l’équipe de France et non plus seulement une sélection de joueurs évoluant dans telle ou telle fédération. La première victoire face aux Anglais (2-1) le 5 mai 1921[9] marque les débuts réels d’une équipe de France sélectionnant désormais les meilleurs joueurs du pays.
En 1923, l'équipe de France connaît pourtant une année noire avec six défaites en six matchs, dont une sévère défaite (8-1) à Amsterdam face aux Pays-Bas. Afin de stopper l'hémorragie en vue des Jeux olympiques d'été de 1924 que la France organise, l'entraîneur britannique Charles Griffiths est engagé[10]. Malgré des débuts prometteurs avec une victoire face à la Belgique le 13 janvier 1924, la France s'incline ensuite face à la Suisse au mois de mars. Griffiths est vivement critiqué pour sélectionner des joueurs évoluant en province. Cette année-là pourtant, la finale de coupe de France est remportée pour la première fois par un club de la province : l'Olympique de Marseille face à un autre club provincial, le FC Cette. Pour préparer le tournoi olympique, la France se mesure à l'Angleterre et au club anglais de West Ham. Après une défaite face au onze anglais, la victoire sur les hammers redonne de l'allant aux Français.
Suite au tirage au sort du tournoi de football des JO, la France est exemptée du tour préliminaire et débute la compétition directement en huitièmes de finale. Le 27 mai 1924, les Tricolores battent la Lettonie largement (7-0) et se qualifient pour les quarts de finale. Ils y affrontent l'Uruguay, l'un des favoris du tournoi. Les Français s'inclinent cinq but à un et sont éliminés.

Années 1930

En juillet 1930, la France participe à la première Coupe du monde. En phase de poule, Lucien Laurent inscrit le tout premier but de l'histoire de la Coupe du monde face au Mexique que les Bleus battent 4-1. Mais les deux défaites (0-1) face à l’Argentine (finaliste des JO de 1928) et au Chili l'empêchent de passer le premier tour.
En 1931, l’Allemagne s’incline (1-0) face aux Bleus, avant que l’Angleterre ne sombre corps et biens le 14 mai lors d'une rencontre que les joueurs de l'équipe de France, survoltés, remportent 5-2. En juin 1932, l'équipe de France effectue une tournée dans les Balkans. Elle y affronte la Yougoslavie le 5 juin (défaite 2-1), la Bulgarie le 9 juin (victoire 5-3 avec un quadruplé de Jean Sécember) et enfin la Roumanie le 12 juin (défaite 6-3). L'équipe de France gagne également en Hollande (4-5) en 1934 avec une équipe composée de seulement trois joueurs évoluant en Division 1 (Mattler, Liétaer et Alcazar) et huit autres joueurs qui évoluent en Division 2 Nord.

Guiseppe Meazza et Etienne Mattler (à droite) lors du quart de finale France-Italie à la Coupe du monde 1938
 
Pourtant joueurs de Division 2, Thépot, Mairesse, Aston, Nicolas, Rio, Verriest et Keller sont sélectionnés pour la Coupe du monde de football 1934 en Italie. Lors de cette Coupe du monde, la France est opposée au premier tour à l'Autriche, qui fait partie des favoris. Le 27 mai 1934, la France s'incline seulement trois buts à deux après prolongation. À leur retour à Paris, le 30 mai 1934, les joueurs français sont accueillis en héros par une foule de 4 000 personnes venues leur rendre hommage.
En 1938, la France organise pour la première fois la coupe du monde. Les Bleus de Mattler battent facilement la Belgique 3 à 1 avec un doublé de Jean Nicolas. Lors du quart de finale, 58 455 spectateurs, un record, viennent encourager à Colombes la France qui rencontre l'Italie, mais les Bleus doivent s'incliner trois à un devant les futurs vainqueurs de l'épreuve.
À la veille de la seconde guerre mondiale, l'équipe de France connait une période faste. Sur les 13 matchs disputés de 1938 à 1939, elle gagne huit fois pour deux matchs nuls et trois défaites contre l'Italie à deux reprises et l'Angleterre. Les bleus se découvrent un jeune gardien de talent, Julien Darui, et un attaquant dribbleur et passeur exceptionnel, Larbi Ben Barek. Le 28 janvier 1940, la France bat le Portugal 3 à 2 pour le 46e match du capitaine Étienne Mattler qui devient recordman de sélections, c'est le dernier match de la sélection avant la défaite militaire contre l'Allemagne et l'occupation.

Génération dorée (années 1950)

Organisée autour des survivants de l'avant-guerre, notamment Darui et Ben Barek, l'équipe de France intègre très vite une nouvelle génération talentueuse, Baratte, Marche, Cuissard, Prouff. Cette équipe obtient une victoire de prestige 0-4 en Tchécoslovaquie en 1948, mais rate de peu la qualification au mondial brésilien de 1950, éliminée par la Yougoslavie, au terme d'un match d'appui disputé à Florence (défaite 3-2 a.p.).
Les Bleus signent cependant quelques brillants résultats comme un match nul 2-2 en 1951 contre l’Angleterre à Highbury. Il s’en faut de très peu que l'équipe de France des Vignal, Jonquet, Baratte et Flamion soit la première équipe du continent à battre les Anglais sur leurs terres, performance que les Hongrois réalisent deux ans plus tard.
La génération dorée des Fontaine, Kopa, Piantoni, Vincent, Penverne, Wisnieski, Jonquet et Cisowski s'inscrit directement dans la suite de cette équipe de 1951. La France devient alors l’une des toutes meilleures équipes nationales, même si elle rate sa Coupe du monde en 1954.
À la coupe du monde 1958 disputée en Suède, l'équipe de France réalise un beau parcours en atteignant la troisième place du tournoi. Just Fontaine marque 13 des 23 buts de l'équipe française, en laquelle personne ne croit. Suite à des victoires 7-3 contre le Paraguay, 2-3 contre la Yougoslavie et 2-1 contre l'Écosse, la France sort première de son groupe. En quarts de finale, les Bleus ne font qu'une bouchée de l'Irlande du Nord (4-0). En demi-finale, disputée le 24 juin à Stockholm, la France affronte le Brésil du jeune Pelé. Alors qu'elle tient tête aux brésiliens, l'équipe de France perd son capitaine et défenseur central Jonquet, blessé. Les Français s'inclinent finalement 2-5[25]. Ils terminent sur le podium grâce à un dernier succès 6-3 sur la République fédérale d'Allemagne, marqué notamment par un quadruplé de Fontaine. La France termine meilleure attaque de la compétition[26].
Après la Coupe du monde, la France prend part en octobre 1958 aux huitièmes de finale de la nouvelle « coupe d'Europe des nations ». Elle élimine la Grèce puis se défait de l'Autriche en quart de finale. La France est choisie pour organiser la phase finale qui regroupe les quatre dernières équipes encore en lice. La France est privée de plusieurs titulaires de la coupe du monde 1958 : Kopa, Piantoni, Fontaine, Remetter et Raymond Kaelbel. Le 6 juillet 1960, la France affronte la Yougoslavie dans un Parc des Princes dégarni (26 370 spectateurs). Alors qu'elle mène quatre buts à deux à quinze minutes de la fin, elle s'incline cinq buts à quatre. Le 9 juillet 1960, la France dispute à Marseille la petite finale face à la Tchécoslovaquie. Dans un stade Vélodrome vide (9 438 spectateurs), la France s'incline deux buts à zéro.
Après l'Euro, la France bat la Finlande dans le cadre des éliminatoires de la coupe du monde 1962 puis concède un match nul en Pologne avant de s'incliner lourdement en Suisse (6-2). Suite à cette défaite, deux des trois membres du comité de sélection, Alex Thépot et Jean Gautheroux, démissionnent, laissant Georges Verriest seul décideur.

Désillusions (années 1960)

La France connaît nombre de désillusions au cours des années 1960. Elle ne parvient pas à se qualifier pour la Coupe du monde de football de 1962. Placée dans le groupe 2 des éliminatoires, elle termine à égalité de points avec la Bulgarie à la première place. Un match de barrage est disputé à Milan en Italie. La France s'incline 1-0, sur un but contre son camp d'André Lerond.
Après avoir éliminé successivement l'Angleterre puis la Bulgarie, l'équipe de France échoue au stade des quarts de finale de l'Euro 1964, battue par la Hongrie.
Qualifiée pour la Coupe du monde 1966, la France tombe dans un groupe relevé et ne parvient pas à franchir le premier tour. Après un match nul contre le Mexique, les Français s'inclinent face à l'Uruguay et l'Angleterre, future championne du monde.
L'Euro 1968 s'avère également décevant : la France, pourtant victorieuse de son groupe comprenant la Belgique, la Pologne et le Luxembourg, est arrêtée en quarts de finale par la Yougoslavie avec une défaite 5-1 à Belgrade.
La France touche le fond quand elle est défaite à domicile 1-0 par les amateurs norvégiens le 6 novembre 1968 en match qualificatif pour la Coupe du monde 1970 et qu'elle sombre 5-0 face à l'Angleterre le 12 mars 1969 à Wembley. La France ne se qualifie ni aux coupes du monde de 1970 et 1974, ni au championnat d'Europe de 1972. Lors des éliminatoires du championnat d'Europe de 1976, les Français terminent troisièmes de leur groupe de qualification, derrière la Belgique et la RDA.

Mondial 1982 : une quatrième place inattendue

L'année 1982 démarre sous les meilleures auspices. En effet, la France bat l'Italie 2-0 le 23 février à Paris. Les Bleus n'avaient plus battu les Italiens depuis 1920. Par la suite, les matchs de préparation sont bien moins probants : défaite contre le Pérou, nul contre la Bulgarie et le Pays de Galles à chaque fois à domicile. Les Français débarquent au Mondial espagnol en plein doute.
La compétition ne peut pas plus mal commencer avec une cuisante défaite face à l’Angleterre 1-3, dont un but de Bryan Robson dès 27 secondes après l’engagement. La France redresse la tête grâce à une victoire 4-1 contre le Koweït puis arrache sa qualification pour le deuxième tour en faisant match nul contre la Tchécoslovaquie 1-1.
Au deuxième tour, les Français se défont sans grande difficulté de l’Autriche puis de l’Irlande du Nord et accèdent aux demi-finales. C’est à l’occasion du match contre l’Irlande du Nord que Michel Hidalgo associe pour la première fois quatre joueurs à vocation offensive (Tigana, Genghini, Giresse et Platini) au milieu de terrain. Le « carré magique » est né.
Disputée à Séville, la demi-finale des Français contre la RFA est rentrée dans la légende du football. Qualité du jeu pratiqué, intensité, émotion, tout a contribué à rendre ce match légendaire. Les deux équipes se quittent sur le score 1-1 à l’issue du temps réglementaire après un dernier tir de Manuel Amoros sur la barre transversale à la 88e minute. Les Français, survoltés par l’agression commise par le gardien allemand Harald Schumacher sur Patrick Battiston, inscrivent deux buts coup sur coup à l’entame des prolongations par l’intermédiaire de Marius Trésor et Alain Giresse. Continuant à jouer l’offensive et un football spectaculaire, les Français se font rejoindre au score en l’espace de quelques minutes. Ils ne peuvent éviter de jouer la qualification pour la finale sur la première séance de tirs au but de l'histoire de la Coupe du monde dont ils sortent perdants.
En l’absence des principaux titulaires, la France perd également le match pour la troisième place contre la Pologne (2-3).

Euro 1984 : le premier sacre européen

Deux ans plus tard, la France aborde avec le statut de favorite le Championnat d’Europe de football 1984 qu’elle dispute à domicile. Avec une génération arrivée au sommet de son art, et le renfort de l’accrocheur Luis Fernandez au sein du « carré magique », la France va répondre aux attentes. Après une entame délicate contre le Danemark bien qu'elle gagne 1-0, la France écrase ensuite la Belgique 5-0 puis vient à bout de la Yougoslavie 3-2 grâce à deux doublés de Michel Platini.
En demi-finale, la France affronte le Portugal à Marseille. Menée d’un but à cinq minutes de la fin des prolongations, les Bleus égalisent, avant de prendre l’avantage dans les derniers instants du match sur une frappe de Platini, consécutive à un rush héroïque de Jean Tigana.
En finale contre l’Espagne, un coup franc de Platini qui surprend le malheureux portier espagnol Luis Arconada débloque un match jusque là verrouillé. Grâce à l’estocade portée en fin de match par Bruno Bellone, l’équipe de France de football remporte le premier titre majeur de son histoire.
Elle se porte enfin au sommet du monde en battant l'Uruguay, détentrice de la Copa America, 2-0 à Paris en 1985 pour le compte de la Coupe intercontinentale des nations.

Mondial 1986 : l’exploit sur le podium

France-Italie en huitième de finale.
 
Pour la Coupe du monde 1986, la France fait à nouveau figure de favorite. Mais amoindris par les blessures récurrentes de leurs deux meneurs de jeu Platini et Giresse, les Bleus emmenés par Henri Michel peinent à retrouver l’état de grâce de 1984. La France se sort sans grande difficulté mais sans panache d’un premier tour largement à sa portée contre le Canada, l’URSS et la Hongrie avant d’affronter l’Italie en huitième de finale. La France l'emporte 2-0 au terme d’un match remarquablement maîtrisé grâce à des buts de Platini et Stopyra sur deux passes décisives de Rocheteau. La France sort victorieuse de ce duel au sommet entre les champions du monde et les champions d’Europe en titre.
En quart de finale, la France retrouve sur sa route le Brésil. Pour beaucoup, c’est un match entre les deux équipes qui pratiquent le plus beau football. À cette époque, les Français sont d’ailleurs souvent surnommés les « Brésiliens de l’Europe » en hommage à leur jeu spectaculaire et systématiquement tourné vers l’offensive. Le match tient toutes ses promesses, à tel point que Pelé le qualifie de « match du siècle ». Dominateurs, les Brésiliens ouvrent rapidement la marque par Careca, avant que Platini ne ramène les deux équipes à égalité en reprenant un centre de Rocheteau. La prolongation spectaculaire au cours de laquelle les deux équipes se procurent chacune de franches occasions ne change pas le score, et les Bleus se qualifient à l’issue de l’épreuve des tirs au but et de la tentative réussie de Luis Fernandez.

Demi-finale France-Allemagne.
 
En demi-finale, la France retrouve la RFA pour ce qui est considéré comme la « revanche de Séville » quatre ans plus tôt. Mais de revanche, il n’y en aura pas. Comme si elle avait tout donné contre le Brésil, la France, en panne d’imagination, privée de Rocheteau, blessé, qui avait distillé quatre passes décisives dans les trois matches précédents et sans doute diminuée physiquement par sa victoire aux tirs au but sur les Cariocas, bute sur la rigueur et le réalisme des Allemands, qui s’imposent sans grande difficulté (2-0), ceux-ci ayant joué contre le Maroc et le Mexique, qui sont des adversaires bien moins réputés que l'Italie et le Brésil. Les Français se consolent avec la troisième place, acquise par les "coiffeurs", aux dépens de la Belgique dans la « petite finale » (4-2 ap), leur meilleur résultat depuis la Coupe du monde 1958.

Transition délicate (1986-1996)

L’épopée de la Coupe du Monde mexicaine marque la fin d’une génération d’exception. Dès la fin de la compétition les cadres que sont Rocheteau, Bossis et Giresse annoncent leur retraite internationale. Un an plus tard, et alors que les éliminatoires pour l'Euro 88 sont déjà bien mal engagés pour l'équipe de France, Platini met lui un terme définitif à sa carrière.
Le 11 juin 1988, en présence du président de la République François Mitterrand, la FFF inaugure le Centre technique national Fernand-Sastre également connu sous le nom d'institut national du football de Clairefontaine. Ce centre qui à couté 104 millions de francs forme des jeunes footballeurs et accueille les joueurs de l'équipe de France avant les matchs internationaux.
La transition est trop brusque, et la nouvelle génération échoue successivement à se qualifier pour l’Euro 88 et le Mondial italien de 1990. Le match nul contre la sélection chypriote du 22 octobre 1988 propulse Claude Bez, l'influent président des Girondins de Bordeaux, au poste de superintendant de l'équipe de France, un poste spécialement crée pour lui. Claude Bez désigne alors Michel Platini à la tête de la sélection en novembre 1988. Si l'arrivée d'un nouveau sélectionneur emblématique comme Michel Platini n’empêche pas l'absence au Mondial italien, elle suscite pourtant de nombreux espoirs.
La copie parfaite rendue par l’équipe de France dans les éliminatoires de l’Euro 92 (8 victoires en 8 rencontres) laisse augurer un retour aux succès des années 1980 à défaut d’un retour au beau jeu. En effet, voyant sa marge de manœuvre limitée par la faiblesse des individualités dont il dispose, le sélectionneur Platini a construit une équipe à vocation très défensive, sans véritable milieu créateur, et qui compte sur les deux grands joueurs français de l’époque (Éric Cantona et Jean-Pierre Papin) pour faire la différence en attaque. Alors que l'équipe de France a remporté tous ces matchs de qualification, les matchs de préparation à l'Euro 1992 sont bien moins convaincants.
En conséquence peut-être, lors de l’Euro 1992 en Suède, la France est incapable de confirmer son parcours des éliminatoires et tombe sans gloire dès le premier tour, après deux matchs nuls contre la Suède (1-1) et l’Angleterre (0-0), et une défaite 1-2 contre le Danemark, futur vainqueur du tournoi.
Dans les mois qui suivent, l’équipe de France, forte d’un effectif à la qualité en hausse, semble retrouver des couleurs (il faut tout de même attendre le 14 octobre pour que la France gagne un match en 1992, 2-0 contre l'Autriche en qualifications). Mais lors des éliminatoires de la Coupe du monde 1994, les Bleus, s’effondrent dans la dernière ligne droite : alors qu'il leur suffit pour se qualifier d’une victoire face aux modestes israéliens ou d'un nul contre la Bulgarie lors de leurs deux derniers matchs, ils concèdent coup sur coup deux cuisantes défaites à domicile à l’automne 1993 (2-3 contre Israël, puis 1-2 contre la Bulgarie, avec à chaque fois un but encaissé à la dernière minute). Les Français manquent une qualification qui leur semblait promise.

Un Euro synonyme de reconquête (1996)

Au lendemain de la débâcle de l'automne 1993, le nouveau sélectionneur national Aimé Jacquet doit tout reconstruire. S’il peut s’appuyer sur un secteur défensif de qualité, il va tâtonner durant près de deux années pour trouver une bonne animation offensive. Les éliminatoires pour l’Euro 1996 sont laborieux et laissent craindre une nouvelle déconvenue.
En effet, l'équipe de France multiplie les matchs nuls 0-0 contre ses adversaires pour la qualification. Sur les cinq premiers matchs éliminatoires, elle ne compte que 7 points (4 nuls et une seule victoire contre l'Azerbaïdjan). Mais ils font un retour presque fracassant en prenant 13 points sur les 5 matchs suivants. Le symbole de ce retour est le match contre l'Azerbaïdjan que les Bleus battent 10-0. Cette rencontre reste à ce jour la plus large victoire des Bleus. Ils réalisent à l’automne 1995 une spectaculaire et décisive victoire à l’extérieur contre la redoutable équipe de Roumanie par 3 buts à 1.
Qualifiée pour l’Euro 1996, l’équipe de France y atteint les demi-finales en confirmant la solidité à toute épreuve de son bloc défensif composé de quatre défenseurs et trois milieux récupérateurs mais déçoit quelque peu par le manque d’inspiration de son secteur offensif et de ses deux créateurs Zinedine Zidane et Youri Djorkaeff pourtant très attendus. Victorieux aux penalty contre les Pays-Bas en quart de finale, les Bleus tombent en demi-finale contre la République Tchèque suite à une nouvelle séance de tirs au but.
À partir de l’été 1996, grâce à l’arrêt Bosman, la plupart des joueurs de l’équipe de France partent jouer à l’étranger où ils acquièrent une stature internationale et une précieuse expérience du haut niveau.

Champions du Monde puis d’Europe (1998-2000)

Si la série de matchs préparatoires à la Coupe du Monde soulève une certaine inquiétude auprès de plusieurs observateurs, ce qui vaudra notamment au journal l'Équipe les foudres d'Aimé Jacquet a posteriori, les Bleus sont bel et bien présents au rendez-vous.
Ils se sortent avec facilité du premier tour : victoires contre l’Afrique du Sud (3-0), l’Arabie saoudite (4-0) et le Danemark (2-1) mais, privés de Zidane suspendu, butent en huitièmes contre le mur défensif du Paraguay et de son fantasque gardien de but José Luis Chilavert. La qualification arrachée en prolongation (but en or de Laurent Blanc) permet aux Bleus de retrouver l’Italie en quart de finale. Au terme de 120 minutes intenses mais sans but, les deux équipes jouent leur qualification aux tirs au but et la France s’impose suite à un penalty raté de Luigi Di Biagio. En demi-finale, la France semble proche de tomber face aux surprenants Croates, mais deux buts du latéral français Lilian Thuram la qualifient pour la première finale de son histoire, face au Brésil.
Le Brésil impressionne depuis le début de la compétition par la puissance et l’adresse de ses attaquants, mais laisse également entrevoir de grosses carences défensives. Dominateurs et réalistes, les Français prennent l'avantage en première période grâce à deux buts de la tête de Zidane. Réduits à dix en seconde période suite à l’expulsion de Desailly, la France subit mais inscrit en contre un troisième but libérateur par Emmanuel Petit dans les derniers instants du match, qui est d'ailleurs le 1000e but de l'histoire de l'Équipe de France. Didier Deschamps devient le 12 juillet 1998 le premier joueur français à soulever la Coupe du monde.
Les Français enchainent ensuite avec les éliminatoires pour obtenir leur place à l'Euro 2000. Malgré quelques résultats décevants, les Français arrachent leur qualification.
Les matchs amicaux de préparation à l'Euro sont plutôt rassurants. Au début du mois de juin, les Tricolores remportent le tournoi Hassan II en battant d'abord difficilement le Japon aux tirs aux buts puis en écrasant le Maroc 5-1.
La France va confirmer son statut de meilleure équipe du monde à l’occasion de l’Euro 2000. Toujours aussi solide défensivement, elle propose un football plus offensif qu’en 1998 grâce à l’éclosion d’attaquants tels que Thierry Henry, David Trezeguet, Nicolas Anelka, Robert Pires ou encore Sylvain Wiltord. Sur le banc, Jacquet a cédé sa place à son adjoint de 1998, Roger Lemerre.

La France et l'Italie avant la finale de l'Euro.
 
Après un premier tour parfaitement maîtrisé (victoire contre le Danemark et la République tchèque, défaite sans conséquence des remplaçants face aux Pays-Bas), la France va connaître trois rencontres à haut suspense dont elle sort à chaque fois victorieuse. En quart de finale, elle rencontre l’Espagne qu'elle bat 2-1, Raúl ratant un pénalty dans les arrêts de jeu. En demi-finale, elle élimine le Portugal sur le même score (2-1), grâce au but en or, un penalty transformé par Zidane à la 117e minute.
En finale, elle affronte l’Italie considérée comme son équipe jumelle car de nombreux joueurs français jouent alors en championnat d'Italie. Menée 0-1 dans les arrêts de jeu, la France égalise à la 93e minute sur un but de Wiltord et arrache les prolongations, durant lesquelles Trezeguet, sur un centre de Pires, inscrit d’une reprise de volée puissante le but en or synonyme de victoire finale des Français.
Sur ce succès historique, les deux anciens que sont le capitaine Didier Deschamps et le libéro Laurent Blanc, annoncent leur retraite internationale.